Publié le 25 mars 2021

Après un début de carrière dans un grand cabinet d’audit, Baudouin Dubuisson, diplômé de l'ICHEC en 1973, a conseillé plusieurs ministres. Il est ensuite retourné au secteur privé pour s’orienter vers le redressement, la création ou la reprise d’entreprises. Deux activités qui l’ont amené à tenter de voir les choses différemment du passé. Il est actuellement administrateur de sociétés et vient de faire paraitre son dernier ouvrage : Le retour de l'économie réelle

 

En cinquante ans, le fonctionnement du système économique mondial a été bouleversé ; l’économie de marché n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était. Les effets pervers désastreux se multiplient et s’aggravent : oligopoles, taux d’intérêt négatifs, surendettement, pauvreté ou précarité. Les endettés sont à la corde et les prêteurs n’ont plus d’intérêt à prêter. Depuis 2008, les banques centrales ont gonflé la masse monétaire de 100 % à 126 % du PIB mais rien n’y fait : la solution à un problème en crée d’autres.

La dette mondiale a doublé pour atteindre 300 % du PIB mondial et la finance est devenue dix fois plus importante que l’économie réelle, induisant une volatilité qui entrave le développement de l’économie réelle… L’impasse est totale, le désarroi règne. Le souci principal des dirigeants est de maintenir la confiance et de gagner du temps en prolongeant le fonctionnement d’un système qui ne tient plus que par habitude.

Aujourd’hui, tout est possible, même l’effondrement. Le covid nous a donné un avant-goût de ce qui peut arriver quand tout s’arrête ; il nous a surtout obligés à recourir à des idées qui paraissaient folles jusqu’il y a peu : les premières initiatives de « monnaie hélicoptère » ont vu le jour, l’effacement de dettes souveraines est en ligne de mire alors qu’au niveau européen la solidarité est engagée.

Par ailleurs, un nouveau cadre fiscal international, des monnaies numériques officielles et la taxation des transactions financières sont ou viendront sur la table. Dans le grand big bang qui a commencé, ce qui disparaît fait peur et ce qui se crée inquiète. Le monde politique doit prendre ses responsabilités et remédier à la complexité et au désordre en simplifiant à tous les étages : fiscal, administratif ou institutionnel. Seuls les pays qui ont réussi à préserver leur industrie arrivent encore à tirer leur épingle du jeu ; l’économie réelle s’affirme de plus en plus comme l’ultime recours.